De la biodiversité en milieu engagé
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8 décembre 2020Homo Detritus
Selon Paul Josef Crutzen, nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique dans laquelle l’être humain est devenu l’espèce dominante : l’Anthropocène. L’empreinte qu’il a laissée sur la planète est telle qu’elle traduit une véritable influence géologique sur la biosphère et le système terrestre. Ce concept fait l’objet de nombreuses controverses scientifiques certains lui préférant les termes de Capitalocène, ou encore Poubellocène pour reprendre le terme de Baptiste Monsaingeon.
En effet, nos déchets sont des marqueurs indubitables de la crise écologique dans laquelle nous sommes plongés. Les déchets sont aussi répandus sur terre qu’Homo Sapiens lui-même.
Est-ce Homo sapiens, le coupable ?
NON. En tant qu’Homo Sapiens, notre responsabilité est commune mais différenciée. Ce n’est pas l’être humain le responsable mais Homo œcononomicus, cet être issu d’une société consumériste et productiviste qui épuise les écosystèmes et ignorent les limites planétaires. Face à la crise écologique, Homo œconomicus ne peut plus ignorer les externalités négatives qu’il produit. Il tente sa mutation à travers Homo Detritus.
Qui est Homo Detritus ?
Homo Detritus selon l’expression de Stephan Le Lay, est cet être qui déplace la responsabilité d’un système sur des individus. Homo Detritus prône le « Bien jeter pour mieux oublier » comme l’énonce Baptiste Monsaingeon. Bien jeter ne remet pas en question la surconsommation et le productivisme, mais il met en place les conditions de l’oubli.
Que faire de ses déchets ?
Donner plutôt que jeter. Le réseau national des ressourceries permet à chacun et chacune de pouvoir abanDONNER un objet tout en lui fournissant une seconde vie. Il ne s’agit pas de jeter pour oublier mais de donner. Donner ses déchets à une ressourcerie c’est participer à une rupture anthropologique avec le système consumériste et productiviste aliénant de notre société.
Pourquoi ?
Les ressourceries ne sont pas fondées sur le « recycler plus pour produire plus » mais « donner pour réemployer ». Les ressourceries s’engagent pour le réemploi, la réutilisation et non seulement le recyclage. Le réemploi et la réutilisation contribuent au prolongement de la durée de vie des produits et participent à l’économie circulaire. Quant au recyclage, il permet de transformer le déchet en matière ressource.
Comment participer ?
Il existe de multiples moyens de soutenir les ressourceries notamment :
- Donner ses déchets, c’est-à-dire les choses qui ne vous sont plus utiles.
- Acheter ses biens dans une ressourcerie
- Devenir bénévole pour tisser des relations sociales
Quelles sont les actions de l’Atelier D’éco Solidaire ?
Depuis 10 ans l’Atelier D’éco Solidaire travaille à réenchanter l’imaginaire du déchet par la créativité. La création constitue le support de sensibilisation à la prévention telles qu’avec les animations que nous concevons. A titre d’exemple avec la fabrique d’animaux marins en partenariat avec Cap Science pour la Fête de la Science.
Les enfants avec leurs parents ont fabriqué des animaux marins à partir de bouteilles en plastique et de chute de lycras. Cette activité a contribué à les sensibilisés à la production de déchets tout en étant ludique et créative.
La rupture anthropologique proposée par les ressourceries s’inscrit davantage dans la lignée d’Homo Faber, l’être humain qui fabrique, plutôt que dans l’Homo Detritus. Le déchet est une ressource que nous utilisons pour nos créations.
De plus, nous réfléchissons continuellement à optimiser notre processus de création afin de produire le moins de rebus possibles. A titre d’exemple, ces tabourets ont été conçus à partir des déchets issus d’autres créations.
C’est dans cette perspective que nous avons développé une attention particulière à la transmission. L’Atelier accueille régulièrement des personnes en stage, en alternance ou en formation continue. Notre objectif est de partager notre expérience au plus grand nombre.
L’Atelier D’éco Solidaire est une ressourcerie qui réunit les enjeux écologiques, économiques, sociaux et locaux. Au-delà de la gestion, nous travaillons à la prévention des déchets en utilisant la créativité comme support d’éducation. Cette créativité, matrice de notre histoire constitue le socle de nos actions. Elle nous rappelle qu’Homo Sapiens n’est pas condamné à être un Homo Detritus, mais un Homo Faber.
Emilia N’GOADMY