La recyclerie créative impliquée avec le Refuge…
12 juin 2014Les juniors de la CUB en mode avenir durable…
18 juin 2014Faire un service civique, c’est un moyen de s’engager pour une cause, de défendre des principes et surtout, de se rendre utile aux autres. Autrement, c’est un excellent moyen de trouver sa voie lorsque l’avenir est flou, de se découvrir soi et d’en apprendre un peu plus sur ses envies, ambitions et capacités, comme ce fut mon cas lors de ces 8 mois de mission passés au sein de l’ATELIER D’éco SOLIDAIRE.
Recrutée le 15 Octobre 2013 en tant que chargée de la communication et de l’animation pour un travail en binôme, une semaine à l’Atelier m’a vite fait comprendre qu’il s’agissait en réalité de bien plus.
Dans cette Recyclerie créative, le travail s’articule autour de quatre axes majeures : la collecte des matières au rebut, leur valorisation créative, la vente qui génère des ressources financières et ainsi crée des emplois et enfin la sensibilisation, qui fut mon principal domaine d’exercice. Quatre points cruciaux, tous soutenus par une incorrigible équipe composée de personnalités et de compétences remarquables. Rien ne se limite à ce hangar de Baccalan, mais l’action s’étend au contraire sur toute la CUB et vise à sensibiliser le plus grand nombre à une gestion de nos déchets bien plus responsable, en réponse au consumérisme général du monde d’aujourd’hui.
L’association est actrice de la seconde vie de nos déchets, en récupérant auprès de particuliers et d’entreprises des matières au rebut que tous les protagonistes de ce lieu créatif et audacieux transforment en objets utiles et qui plus est, inventifs.
Cette association innovante, qui ne voit pas son égal en Aquitaine mais bien heureusement dans le reste de la France, a également à son actif une boutique d’usage, située dans le quartier du Grand Parc. Ici sont revendus bon nombre des apports, soit du textile, de la vaisselle, des livres à être saoul de mots et toutes sortes de bibelots. Tout ceci, bien évidemment, à des prix défiants toute concurrence, puisque c’est bien ça la solidarité. L’entraide, le partage, rendre accessible à tous ce que notre société privilégie aux plus riches tout en préservant notre environnement.
Il se dégage de ce projet une pédagogie certaine qui veut éduquer la population à la réutilisation, afin d’éviter la massification de nos déchets qui n’est autre qu’un fléau sans cesse grandissant.
Mes huit mois de mission furent complets et riches en expérience. L’atelier a participé et organisé de nombreuses manifestions d’ampleur, ce qui signifie énormément d’heures de travail pour l’équipe, de préparation du mobilier destiné à l’exposition et à la vente, servies par l’effusion régnant entre les murs de l’organisation.
Chaque création sortie des mains des valoristes, bénévoles, tapissières d’ameublement ou designer promeuvent le développement durable. C’est lors de ces interventions que nous nous livrons à la sensibilisation afin de convaincre tous et toutes de l’importance, de l’utilité et des avantages que procurent la réutilisation de nos déchets. Que ce soit au Hangar 14 lors du FORUM SOCIAL annuel, dans la galerie marchande d’Auchan Lac, au sein même de la faculté de Bordeaux II pour Le Village des Alternatives qui présentait d’autres intercurrences à notre consommation, ou au Rocher de Palmer lors de la semaine des Juniors du Développement Durable, il faut être fort de ses convictions, parés à défendre nos principes. A deux reprises dans l’année, au mois de Décembre à l’occasion de l’inévitable Fête de Noël et pour la Fête des Mères, s’organise le Marché des Eco-créateurs. C’est une invasion d’inventivité au bénéfice du développement durable, des créations diverses et variés s’emparent de l’Atelier pour deux jours festifs et communicatifs. Cet événement incarne une collaboration durable entre les créateurs porteurs de ce beau projet, qui ont trouvé le moyen d’allier une forme d’art avec nos déchets. Grâce à ces manifestations, j’ai appris la rédaction d’article et perfectionné mes faibles connaissances en montage vidéo ! Du fait des fréquentes sollicitations faîtes à l’ATELIER D’éco SOLIDAIRE, nous avons souvent, Marion et moi, organisé des activités manuelles de confection d’objets à partir des matières au rebut disponibles sur la plateforme afin d’initier les enfants à la transformation de nos déchets. Nous sommes ainsi devenues maîtres dans l’art (et parfois écœurées, il fait l’avouer) des pochettes en bâches publicitaires de la ville de Bordeaux, de pompons et de bracelets en lycra. Tantôt grâce à notre imagination et travail efficace en binôme, ou au fabuleux pôle de bénévoles que nous nommons (contre leur gré…) les super-mamies, nous avons développé de multiples animations et jeux à destination de nos futurs citoyens. Ces animations nous ont servi lors de maintes interventions à l’extérieur, auprès de publics et d’âges différents, suivant une trame essentielle : partager notre savoir sur l’environnement et le traitement de nos déchets à travers la créativité, souvent présente chez les enfants.
Un travail fabuleux, que de passer des heures à transmettre et recevoir de l’inventivité, de l’imagination et de l’énergie de la part d’un jeune public captif. Etre au contact de ces derniers apporte une inoubliable satisfaction, des instants intenses en concentration et en dynamisme, mais un moment joyeux et coloré, sous le signe de nos objets de récupération. Dans ce cadre, nous avons rédigé et mis en place des projets passionnants : tout d’abord pour les Temps Péri-Educatifs, nouvelle loi scolaire qui nous a demandé une cogitation sans faille. Ensuite, la mise en place des Billets Courants Verts qui ont donné lieu à la participation d’une classe d’ITEP à nos ateliers de valorisation sur mobilier. Ces jeunes personnes sorties du cadre scolaire classique, qui évoluent bien souvent dans un cercle de vie difficile, nous ont impressionné de part les objets qu’ils ont eux-mêmes créés.
En complément, le travail à la boutique solidaire, un jour de travail par semaine, requiert une dose d’énergie considérable et nécessite une oreille attentive aux consignes et surtout aux autres. La boutique du Grand Parc, c’est un peu un monde à part, un îlot, qui assume une fonctionnalité bien particulière.
A mon sens, l’aspect social constitue 80% du travail sur le fondement du traitement des déchets qui est à la fois le générateur mais aussi le prétexte de l’activité. La boutique s’organise, je pense, autour de l’aide à la précarité et les clients sont souvent demandeurs de reconnaissance et d’écoute. J’y ai vu deux moteurs sociaux très importants : tout d’abord la mise en place de prix très bas et la diversification des produits mis à la vente qui permettent aux populations défavorisées de se placer dans un système de consommation accessible. En second lieu, la capacité d’avoir une action verbalisée avec tous ceux qui fréquentent la boutique. La mixité sociale riche de nationalités, qui demandent une reconnaissance identitaire sans catégorisation, fait appel à la complémentarité de tous ces individus, grâce à qui l’endroit n’est pas qu’un simple espace de vente. Chacun se doit d’y mettre du sien afin que la machine tourne, ce qui nous renvoie à une économie de proximité solidaire et participative, où il est important de mettre du cœur à l’ouvrage. J’y ai puisé l’envie de donner de soi à autrui, car tous les efforts sont récompensés par la visite quasi quotidienne des habitués, qui viennent aussi dans l’attente de bienveillance. Des efforts en outre gratifiés par les sourires, les blagues, la jovialité des fidèles. J’en conclue que c’est tout particulièrement ici que se joue l’enjeu de la solidarité.
Au total, ce service civique m’aura offert beaucoup d’expériences fortes et formatrices. L’acquisition de connaissances utiles dans le domaine de l’écrit et de la vidéo, de l’événementiel et de la communication. Sans oublier le champ capital du développement durable et du traitement des déchets. Autant dire que je n’achèterai que du mobilier de seconde main et que mon chez-moi ressemblera à une brocante chic !
J’y ai bien sûr fait, surtout, de précieuses rencontres.
Je suis heureuse d’avoir eu la chance de participer à de beaux projets, qui se poursuivront dans le temps, l’action de cette association travaillant à sa pérennité.