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11 novembre 2019L’Atelier D’éco Solidaire donne les cartes en main à la jeunesse pour construire un avenir durable !
10 février 2020Parce que l’ATELIER D’éco SOLIDAIRE s’implique dans toutes les strates sociales pour rendre un service d’intérêt général, l’action de la Boutique du Lac, au cœur du quartier des Aubiers, s’attache à répondre à des besoins d’équipements de base à très bas coût, tout en privilégiant le lien et la prise de parole entre locataires.
Ainsi, nous avons mis en place des binômes de langue Arabe/Français. Cette démarche est issue des habitantes et habitants du quartier qui ont manifesté leur volonté de pratiquer le français. Ces conversations autour d’un thé ou d’un goûter inventent des supports d’échanges culturels et sociétaux.
l’organisation de la vie familiale et domestique forment également un travail à temps plein
En premier lieu, s’agissant des questions sociétales, nous avons eu l’occasion de discuter de leur rapport à la connaissance. Souvent, il est arrivé que certaines femmes nous relatent leur sentiment de frustration de n’avoir pu poursuivre des études supérieures, sans regretter leur travail domestique et familial pour autant.
En effet, bien qu’il soit coutume de mettre en exergue une profession ou un métier comme constitutif d’un travail, l’organisation de la vie familiale et domestique forment également un travail à temps plein bien souvent exercé par les femmes.
Sans réduire les femmes à un stéréotype de « care », prendre soin, être attentive, maternant, il est nécessaire de reconnaître la légitimité de ce travail comme un travail au même niveau que celui de l’exercice d’une profession intellectuelle ou d’un métier artisanal.
il nous a été important de déconstruire le mythe véhiculé par notre société
A cet égard, il nous a été fréquemment relaté leur agacement d’entendre des réflexions telles que « Pourquoi le repas n’est pas prêt, je suis fatigué, j’ai travaillé toute la journée. Toi tu es à la maison, tu ne travailles pas » ; alors même qu’elles se lèvent le matin très tôt pour préparer les enfants, les emmener à l’école, cuisiner pour le déjeuner, nettoyer la maison, faire le linge, prendre les rendez-vous divers, les tâches administratives, faire les courses…etc.
Tout ceci est un travail à temps plein, c’est pourquoi, lors de ces échanges, il nous a été important de déconstruire le mythe véhiculé par notre société à savoir mettre en exergue l’université des livres, alors qu’il nous faut reconnaître au même niveau l’université de la vie. L’expérience, la résilience ou encore le vécu d’un parcours atypique sont des sources d’enrichissement et de connaissance fondamentaux au même titre que la maîtrise d’un savoir académique ou artisanal.
En second lieu, s’agissant des questions culturelles, la langue est un vecteur de rencontre et d’échanges. Cette volonté de pratiquer leur français provient d’une carence de mixité socio-culturelle regrettés par les habitantes et habitants du quartier.
Il nous est paru fondamental de restaurer la légitimité de ces personnes
C’est pourquoi, nous avons choisi de mettre en place la pratique de la langue française sous forme de binôme afin que chaque personne soit placée en situation de donner et de recevoir. Il nous ait paru fondamental de restaurer la légitimité de ces personnes dans leur rapport à la connaissance et à la transmission de leur culture.
A cet égard, contrairement aux préjugés véhiculés dans les médias, ces personnes nous ont témoigné leur attachement aux valeurs républicaines ainsi qu’à la France tout en étant fière de leur culture d’origine.
Ces instants ont été extrêmement enrichissants pour nous. Nous avons eu accès à une parole peu audible mais pourtant bien présente. Nous apprenons l’arabe et les cultures arabo-musulmane, magrébine et sénégalaise. Ce qu’elles nous transmettent est une richesse qui ne se trouvent pas dans les livres, ce qu’elles nous transmettent c’est leur humanité.
Emilia N’Goadmy