10ème édition du Marché des créateurs recycleurs…
16 mars 2017Le supermarché à l’envers, une révolution dans le monde de la déchèterie…
11 avril 2017En mission de service civique à l’Atelier D’éco Solidaire depuis novembre, je participe, avec Aurore et Mélissa, à l’animation d’ateliers de revalorisation créative auprès de différentes structures. Le projet avec l’Institut National des Jeunes Sourds (INJS) de Bordeaux m’a immédiatement séduite. Bien qu’intéressée depuis longtemps par la langue des signes, l’occasion de l’apprendre ou de rencontrer des personnes malentendantes ne s’est jamais présentée à moi. Certaine de l’enrichissement que m’apportera ce projet, je suis impatiente à l’idée de vivre cette expérience inédite.
Jeudi 17 novembre :
Enfin le jour J ! Nous accueillons quatre enfants et trois accompagnateurs venus de l’INJS avec le désir de personnaliser la pièce de rangement de leur salle de classe.
Durant la visite de l’atelier, je me réjouis de voir les enfants sincèrement intéressés et curieux. Ils posent des questions sur toutes les étapes de valorisation créative, témoignant d’un enthousiasme prometteur pour notre projet. Nous évaluons leurs attentes et envies, chacun débordant d’idées. Grâce à Charlie, l’enseignant, qui transforme leurs signes en mots, nous prenons note de tous leurs souhaits. L’échange est instructif, et je m’aperçois que la barrière du langage n’est pas infranchissable au regard du lien qui s’établit aisément entre entendants et malentendants. Chacune de nous trois a même droit à son surnom en langage des signes. Je suis vraiment touchée par ce premier contact et emballée pour la suite du projet…
Jeudi 8 décembre:
Ce matin, c’est à nous de nous rendre à l’INJS pour un premier atelier. C’est le grand jour, nous démarrons véritablement la réalisation de notre projet ! Nous sommes chaleureusement accueillies par des visages réjouis et impatients.
La séance se déroule dans une bienveillance et une bonne humeur éclatante. Les enfants se montrent à l’écoute, méticuleux, avec une impressionnante envie de bien faire. Nous leur apprenons les techniques de ponçage, de peinture et de graff. Leur compréhension est rapide, instinctive, efficace.
La matinée touche très vite à sa fin. Nous sentons que notre enthousiasme et notre ambition ne nous permettront pas de concrétiser ensemble toutes les idées que nous avions programmées… Nous leur conseillons d’avancer en autonomie, en attendant la prochaine séance. Nous repartons bouleversées par cette expérience hors du commun, d’autant plus que nous n’avions jamais été immergées dans le monde du handicap. Une toute autre vision de la vie se présente à nous.
Jeudi 5 janvier :
Seulement deux enfants ont pu se libérer pour notre second atelier, Anélina et Marouan étant malheureusement absents. D’un esprit curieux et volontaire, les accompagnateurs prennent, eux aussi, part aux activités. Nous leur faisons peindre des tables à la bombe de peinture. Ahmet, les yeux pétillants, prend un immense plaisir à graffer. Au début très minutieux, puis libérant progressivement son inventivité, il a eu beaucoup de mal à stopper son élan créatif à l’annonce de la fin d’activité. “C’était le rêve de son année”, nous confie Charlie, amusé.
Je me doutais que Dessy allait apprécier la technique pointilleuse de la décoration au Posca. Je suis donc réjouie de la voir s’investir dans cette tâche. Même Ahmet, qui me semblait de nature moins patiente, s’y prête volontiers. Pendant l‘atelier, je suis éblouie par la sincérité et la curiosité qui réussissent à s’exprimer dans nos échanges. Malgré nos différences de langage, ils sont avides de questions sur nos vies et nous-mêmes brûlons de sonder la réalité de leur quotidien.
Jeudi 2 février :
Nous voici arrivées à la dernière séance avec les enfants. Je suis à la fois enchantée de voir la progression des travaux et attristée de voir venir la fin de ce projet. En effet, nous avons toutes les trois ressenti une excitation considérable à chaque atelier à l’INJS. Nous réalisons qu’en peu de temps, nous nous sommes véritablement attachées à eux.
Malgré certains tourments dans leur vie singulière, les enfants se sont montrés parfaitement impliqués dans le projet et animés par un enthousiasme communicatif. Le but de cette dernière matinée étant de finir la décoration des tables à la bombe, je vois les garçons trouver leur bonheur dans l’activité.
Nous sommes aussi très fières de leur avancée en autonomie. Les animateurs nous informent que les enfants ont réellement pris ce travail à cœur et ont eu beaucoup de peine à s’arrêter.
Cela étant, le travail est encore bien loin d’être terminé. Tout en mettant notre savoir-faire au service de leur créativité, nous leur faisons confiance pour continuer seuls les finitions de la pièce. Désormais, nous brûlons d’impatience de les revoir à l’inauguration et d’admirer le résultat final…
Elodie Kapps
Service civique à l’Atelier D’éco Solidaire